IA et Édu-Up : 10 ressources pour un apprentissage vraiment personnalisé

L'IA dans l'Éducation Française: Apprentissage Personnalisé••By 3L3C

L’IA et le dispositif Édu-Up transforment l’école française : ressources inclusives, parcours personnalisés, orientation et sciences augmentées. Voici comment en tirer parti.

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L’IA au service de l’école française : pourquoi Édu-Up change la donne

En cette fin novembre 2025, l’intelligence artificielle n’est plus une promesse lointaine pour l’Éducation nationale : elle s’invite concrètement dans les classes, des UEMA aux lycées professionnels, du CP à la Terminale. Le dispositif Édu-Up, porté par le ministère, joue un rôle clé dans cette transformation en soutenant des ressources numériques innovantes, souvent dopées à l’IA, pensées pour l’apprentissage personnalisé et l’école inclusive.

Dans la série « L’IA dans l’Éducation Française : Apprentissage Personnalisé », cet article propose un tour d’horizon structuré de ces ressources : comment elles fonctionnent, ce qu’elles changent dans la classe et comment les enseignants peuvent les intégrer concrètement dans leurs pratiques.

Nous ne passerons pas en revue la longue liste de projets Édu-Up un par un, mais nous allons dégager 10 grandes familles d’usages qui intéressent directement les équipes pédagogiques : langues, maths, orientation, inclusion, sciences, citoyenneté, etc. L’objectif : vous aider à identifier rapidement ce qui peut répondre aux besoins de vos élèves… et à vos propres contraintes de temps.


1. Langues vivantes : quand l’IA devient partenaire de conversation

L’apprentissage des langues est l’un des premiers domaines où l’IA et le numérique permettent un véritable entrainement individualisé, difficile à mettre en œuvre uniquement en classe entière.

Plateformes conversationnelles et correspondants virtuels

Des solutions comme Beegup proposent :

  • des espaces sĂ©curisĂ©s d’échanges audio, vidĂ©o et texte entre classes et correspondants ;
  • des contenus authentiques (revues de presse, vidĂ©os natives) adaptĂ©s au niveau des Ă©lèves ;
  • un suivi des interactions pour l’enseignant.

Intérêt pédagogique :

  • multiplier les temps de parole rĂ©els pour chaque Ă©lève, au-delĂ  de l’heure de cours ;
  • travailler la fluiditĂ© orale et la confiance, notamment pour les Ă©lèves rĂ©servĂ©s ;
  • offrir une « mobilitĂ© virtuelle » Ă  des Ă©lèves qui n’auront jamais l’occasion de partir Ă  l’étranger.

Scénario de classe possible :

  • mise en place de binĂ´mes ou groupes de correspondants avec une autre classe europĂ©enne ;
  • tâches finales de type « dĂ©bat », « interview », « reportage » enregistrĂ©s sur la plateforme ;
  • Ă©valuation continue basĂ©e sur les interactions orales et Ă©crites.

IA générative et créativité pour les langues moins enseignées

Avec Nihaochinois, l’intelligence artificielle générative devient une alliée pour les langues à faible dotation horaire ou manquant de ressources, comme le chinois :

  • gĂ©nĂ©ration d’activitĂ©s personnalisĂ©es par l’enseignant en quelques minutes ;
  • adaptation des supports au niveau rĂ©el de la classe ou de chaque groupe ;
  • parcours centrĂ©s sur les centres d’intĂ©rĂŞt des Ă©lèves (culture, loisirs, actualitĂ©, etc.).

En classe, la GenAI ne remplace pas l’enseignant : elle lui fait gagner du temps sur la création de supports pour se concentrer sur l’animation, l’oral et la différenciation.


2. Mathématiques : diagnostic fin et remédiation ciblée

L’un des apports majeurs de l’IA dans l’éducation française concerne le diagnostic des difficultés et la personnalisation des parcours en mathématiques.

De l’évaluation diagnostique à la pédagogie différenciée

Des ressources comme Mathpower II ou Eleda illustrent bien cette tendance :

  • tests adaptatifs qui repèrent les acquis et difficultĂ©s par compĂ©tence ;
  • propositions automatiques d’exercices de remĂ©diation ;
  • tableaux de bord pour piloter la diffĂ©renciation en cycles 2, 3 et 4.

Pour les enseignants :

  • vision instantanĂ©e des profils de la classe ;
  • possibilitĂ© de constituer des groupes de besoin en quelques clics ;
  • support objectif aux dĂ©cisions de progression (revoir une notion, avancer, etc.).

Entraînement autonome et gamification bien pensée

D’autres web apps comme Mathena combinent parcours personnalisés et approche ludifiée (ceintures de couleur, progression visible par l’élève). Là encore, le rôle de l’IA et du numérique est double :

  • fournir un entrainement massif sans mobilisation constante de l’enseignant ;
  • motiver les Ă©lèves par des objectifs clairs et accessibles, adaptĂ©s Ă  leur rythme.

Conseil d’usage :

  • rĂ©server des temps rĂ©guliers de « laboratoire de maths » (15–20 minutes) ;
  • utiliser les donnĂ©es recueillies pour organiser la remĂ©diation en atelier ;
  • impliquer les familles en donnant des repères clairs sur les objectifs visĂ©s.

3. Inclusion scolaire : l’IA comme levier d’accessibilité

Dans le cadre de l’école inclusive, Édu-Up soutient une série de ressources remarquables qui mettent l’IA au service de l’accessibilité et de l’adaptation des supports. On quitte ici le simple « confort » pour toucher à la possibilité même d’apprendre pour certains élèves.

Adapter automatiquement les documents et supports

Avec AccessDoc par exemple, l’enseignant peut :

  • importer un document (.docx, .pdf) ou le photographier ;
  • laisser l’IA dĂ©tecter les Ă©lĂ©ments non accessibles (images non dĂ©crites, tableaux complexes, etc.) ;
  • gĂ©nĂ©rer descriptions d’images, transcriptions de formules, mise en forme adaptĂ©e.

Cette ressource est précieuse pour :

  • les Ă©lèves non-voyants ou malvoyants ;
  • les Ă©lèves prĂ©sentant des troubles cognitifs ;
  • les Ă©quipes mĂ©dico-sociales qui accompagnent les Ă©lèves.

Impact concret : moins de temps passé à « bricoler » des adaptations, plus de temps pour le suivi individualisé.

Personnaliser les parcours des élèves à besoins éducatifs particuliers

D’autres ressources vont plus loin dans la construction de parcours adaptés :

  • ExoPro pour les Ă©lèves en lycĂ©e pro ou en dĂ©marche d’orientation avec TND ou difficultĂ©s scolaires ;
  • OrthonĂ©mo, Ridisi, Story Play’R, Cantoo Scribe ou Majenat pour les profils DYS ;
  • Ben le Koala et sa version enrichie, Zamizen, Buddy ou Hol’autisme pour les Ă©lèves TSA, les jeunes enfants avec besoins de guidance et de structuration.

Ces solutions reposent souvent sur :

  • des interfaces simplifiĂ©es et très visuelles ;
  • des aides paramĂ©trables (pictogrammes, surlignage, lecture audio, etc.) ;
  • une forte dimension de compĂ©tences psychosociales (Ă©motions, autonomie, vivre ensemble).

L’enjeu n’est pas seulement de « compenser » un trouble, mais de donner à l’élève les moyens de devenir acteur de ses apprentissages.


4. Orientation, compétences et préparation au futur

L’IA dans l’éducation française ne se limite pas aux disciplines : elle redéfinit aussi l’orientation scolaire et la découverte des métiers.

Immersion virtuelle dans les métiers

Avec Jexplore, les élèves peuvent :

  • vivre plus de 100 expĂ©riences mĂ©tiers en rĂ©alitĂ© virtuelle ;
  • dĂ©couvrir des secteurs en tension ou mĂ©connus ;
  • s’entrainer Ă  des gestes professionnels en environnement simulĂ©.

Couplé à des cahiers d’activités et livrets pédagogiques, ce type d’outil :

  • donne du sens aux apprentissages en les reliant Ă  des situations concrètes ;
  • ouvre le champ des possibles pour les Ă©lèves Ă©loignĂ©s de certains univers professionnels ;
  • facilite l’échange avec les familles sur les projets d’orientation.

Outils pour la voie pro et les parcours professionnalisants

Des ressources comme ExoPro, Virtual Stone, Virtual Construct ou les modules de la plateforme ÉTINCEL proposent :

  • entraĂ®nement aux gestes techniques (taille de pierre, coupe, usinage…) en toute sĂ©curitĂ© ;
  • scĂ©narios de risques professionnels en rĂ©alitĂ© virtuelle ;
  • mise en situation proche du terrain pour des publics CAP, Bac Pro, BTS.

Pour les lycées professionnels, souvent au cœur de la réforme, ces outils appuyés par l’IA et la simulation :

  • amĂ©liorent l’engagement des Ă©lèves ;
  • permettent de rĂ©pĂ©ter sans coĂ»t matĂ©riel Ă©levĂ© ;
  • facilitent l’évaluation des compĂ©tences professionnelles.

5. Sciences, citoyenneté, esprit critique : des laboratoires numériques à la simulation politique

Le dispositif Édu-Up montre que l’IA et le numérique servent aussi l’éducation à la citoyenneté, aux sciences et à l’esprit critique.

Laboratoires virtuels et investigation scientifique

Des ressources comme FizziQ Junior, XpLive, Neurolabo ou Vittascience IA illustrent cette évolution :

  • transformation du smartphone en vĂ©ritable laboratoire portable (capteurs de son, de lumière, de mouvement, etc.) ;
  • simulation d’expĂ©rimentations complexes ou impossibles en contexte scolaire ;
  • exploration des rĂ©seaux de neurones et de l’intelligence artificielle elle-mĂŞme.

Apports pour l’enseignant :

  • rendre visibles des phĂ©nomènes abstraits ;
  • travailler la dĂ©marche scientifique (hypothèses, protocole, collecte et analyse de donnĂ©es) ;
  • favoriser le travail collaboratif et la mise en commun des rĂ©sultats.

Jeux de simulation citoyenne et éducation à l’image

Avec SIM’Agora, les élèves incarnent des parlementaires dans une simulation politique :

  • dĂ©bats, nĂ©gociations, Ă©laboration de lois ;
  • rĂ©flexion sur les enjeux environnementaux contemporains ;
  • travail des compĂ©tences d’argumentation et d’art oratoire.

Parallèlement, des plateformes comme Ersilia ou Nanouk outillent l’éducation à l’image :

  • analyse critique des images Ă  l’ère numĂ©rique ;
  • comprĂ©hension des enjeux sociaux, politiques, historiques ;
  • construction de projets mĂŞlant EAC, EMI et citoyennetĂ©.

Dans un contexte de désinformation massive, ces outils sont essentiels pour développer l’esprit critique et la capacité à décoder les messages médiatiques.


6. Comment intégrer ces ressources IA et Édu-Up dans votre établissement ?

Face à la richesse de l’offre, la question n’est plus « s’il faut y aller », mais comment s’y prendre concrètement sans se disperser.

1. Partir des besoins des élèves… pas des outils

Avant de choisir une ressource :

  • identifier une difficultĂ© prĂ©cise (lecture en cycle 2, motivation en langues, orientation en 3e, inclusion d’un Ă©lève DYS, etc.) ;
  • formuler un objectif mesurable (« augmenter le temps de parole en langue de chaque Ă©lève », « rĂ©duire les blocages sur les fractions », « rendre les documents accessibles Ă  tel Ă©lève ») ;
  • sĂ©lectionner 1 ou 2 outils maximum correspondant rĂ©ellement Ă  ce besoin.

2. Intégrer l’IA dans la progressivité pédagogique

L’IA ne doit pas être un gadget ponctuel :

  • prĂ©voir des temps de travail rĂ©guliers (rituels, ateliers, sĂ©ances dĂ©diĂ©es) ;
  • articuler les activitĂ©s numĂ©riques avec des moments sans Ă©cran (manipulation, dĂ©bat, production Ă©crite) ;
  • utiliser les donnĂ©es produites par les outils pour ajuster sa progression.

3. Travailler en équipe et impliquer les familles

Pour gagner en efficacité et en cohérence :

  • mutualiser les expĂ©rimentations au sein du cycle ou de l’établissement ;
  • co-construire des sĂ©quences mĂŞlant plusieurs ressources (ex : FizziQ + XpLive en sciences, Beegup + Empathic pour langues et vivre ensemble) ;
  • expliquer clairement aux familles ce que l’IA fait… et ne fait pas, afin de rassurer et de favoriser l’adhĂ©sion.

L’IA devient ainsi un levier collectif au service du projet d’établissement, et non une initiative isolée dans une seule classe.


Conclusion : vers une personnalisation responsable et inclusive

À travers le dispositif Édu-Up, l’Éducation nationale montre que l’intelligence artificielle et le numérique peuvent être mis au service d’une personnalisation des apprentissages qui reste profondément humaine, inclusive et exigeante. Des outils comme AccessDoc, Nihaochinois, Mathpower II, Beegup, ExoPro ou SIM’Agora concrétisent cette ambition : adapter les parcours, ouvrir des possibles, soutenir les élèves les plus fragiles, tout en redonnant à l’enseignant des marges de manœuvre.

Dans la série « L’IA dans l’Éducation Française : Apprentissage Personnalisé », ce panorama montre que la question clé n’est plus « faut-il utiliser ces ressources ? », mais « lesquelles, pour quels élèves, dans quel projet pédagogique ? ».

La prochaine étape pour chaque équipe éducative pourrait être simple : choisir un seul besoin prioritaire, tester une ressource Édu-Up sur quelques semaines, observer, ajuster… puis essaimer. La personnalisation par l’IA se construit pas à pas ; la question est désormais : quel premier pas ferez-vous cette année dans votre classe ou votre établissement ?